Poussière d'or
Publié : 07 nov. 2012, 10:42
Récit de Itukasa el hacolapi, chaman, dit par Teipayoka, guide. La retranscription est sans doute à peu près, mais cela reste compréhensible
Moi, Itukasa el hacolapi, chaman qui a quitté la terre et le peuple pour me perdre, je dois conter le monde de ceux qui s'appellent les hommes, une tribu à la peau de défunt, à la peau de maïs ou de terre fertilisée. Ils sont multitudes et Yhel a ricané sur mon passage, plusieurs lunes durant. Je suis perdue parmi ces peuplades étranges.
Mes pas m'ont conduit dans un bois où ils s'entretuaient. Un grand guerrier à la peau de défunt et au regard acéré a levé son arme. Je n'ai fait aucun mouvement pendant qu'Igmu Tanka finissait son repas à mes pieds. Je n'ai eu qu'un signe à faire pour qu'il reparte se repaître d'autres défunts.
Je reste immobile, je ne crains rien, mais je suis intriguée. Pourquoi se donner autant de mal pour atteindre son destin aussi vite. Je vois là matière à apprendre plus vite que je ne le pensais.
Dans leur langue, je m'appelle, Belette au pied agile, je suis chaman, c'était ma destinée. Née lorsque le soleil est à son zénith je suis protégée par le sixième esprit totem. Mon esprit protecteur est Mato, appelé Ours dans le langage de ces hommes comme vous l'aurez compris. Il m'a guidée vers ces hommes, peut être pour se moquer un peu de moi. Je n'aime pas les difficultés inutiles et je n'aurais jamais dû quitter mon peuple, mais les esprits m'ont guidée, enfin, m'ont égarée en ce monde. Le Grand Manitou doit avoir des desseins pour moi, alors j'écoute le vent, j'écoute la pluie, je vois à travers les mots qui me parviennent le chemin tracé par le sable rouge.
Les hommes que mon sentier a trouvé sont rouges du sang des ennemis qu'ils ont combattu. Tous guerriers, ils ont choisi la voie du feu et du sang, tels sont les hommes au visage de défunts.
Habituée au grand air, au vent, à la pluie et aux senteurs de la nuit, baignée par les discours sans fin de vieil homme qui a tourmenté mon sommeil, pour la seconde fois je suis arrivée dans une ville. Parfois j'entends ricaner Yehl, toujours aussi présent, même ici. J'en ai vu une multitude rôdant sur les toits.
C'est un chariot, énorme, qui me sert d'ancre dans ce monde. Il semble important, plusieurs d'entre eux ne le quittent pas du regard et je ne dois pas oublier mes devoirs. J'ai dansé autour du feu, je sens les esprits se rassembler, et mes peintures sont mon sacrifice et vont leur parvenir. Aide-moi Grand Manitou, soutiens mon esprit et mon corps, guide-moi sur la voie que j'emprunte. Envoie-moi Mato, que ses griffes et ses crocs frappent mon ennemi. Les quelques mots que j'ai pu prendre au vol laissent entendre que l'ennemi ne va pas tarder.
Un wakayaja au geste acéré et à la langue agile suit notre route.
Je ne répugne pas à me rendre utile, c'est juste qu'ils suivent un chemin qui m'est étranger. Ce jeune guerrier, les esprits ont guidé ma main pour guérir ses plaies, peut-être est-il du peuple, malgré son teint de maïs. Il est avide de découverte, prompt à agir, heureux dans l'action. C'est déjà un bon guerrier, il ne déparerait pas parmi le peuple. Tuwe ya l'accompagne et regarde mon chemin sans y poser le pied. Il voit au-delà des apparences.
Demain, si Yehl le veut un autre jour viendra...
Moi, Itukasa el hacolapi, chaman qui a quitté la terre et le peuple pour me perdre, je dois conter le monde de ceux qui s'appellent les hommes, une tribu à la peau de défunt, à la peau de maïs ou de terre fertilisée. Ils sont multitudes et Yhel a ricané sur mon passage, plusieurs lunes durant. Je suis perdue parmi ces peuplades étranges.
Mes pas m'ont conduit dans un bois où ils s'entretuaient. Un grand guerrier à la peau de défunt et au regard acéré a levé son arme. Je n'ai fait aucun mouvement pendant qu'Igmu Tanka finissait son repas à mes pieds. Je n'ai eu qu'un signe à faire pour qu'il reparte se repaître d'autres défunts.
Je reste immobile, je ne crains rien, mais je suis intriguée. Pourquoi se donner autant de mal pour atteindre son destin aussi vite. Je vois là matière à apprendre plus vite que je ne le pensais.
Dans leur langue, je m'appelle, Belette au pied agile, je suis chaman, c'était ma destinée. Née lorsque le soleil est à son zénith je suis protégée par le sixième esprit totem. Mon esprit protecteur est Mato, appelé Ours dans le langage de ces hommes comme vous l'aurez compris. Il m'a guidée vers ces hommes, peut être pour se moquer un peu de moi. Je n'aime pas les difficultés inutiles et je n'aurais jamais dû quitter mon peuple, mais les esprits m'ont guidée, enfin, m'ont égarée en ce monde. Le Grand Manitou doit avoir des desseins pour moi, alors j'écoute le vent, j'écoute la pluie, je vois à travers les mots qui me parviennent le chemin tracé par le sable rouge.
Les hommes que mon sentier a trouvé sont rouges du sang des ennemis qu'ils ont combattu. Tous guerriers, ils ont choisi la voie du feu et du sang, tels sont les hommes au visage de défunts.
Habituée au grand air, au vent, à la pluie et aux senteurs de la nuit, baignée par les discours sans fin de vieil homme qui a tourmenté mon sommeil, pour la seconde fois je suis arrivée dans une ville. Parfois j'entends ricaner Yehl, toujours aussi présent, même ici. J'en ai vu une multitude rôdant sur les toits.
C'est un chariot, énorme, qui me sert d'ancre dans ce monde. Il semble important, plusieurs d'entre eux ne le quittent pas du regard et je ne dois pas oublier mes devoirs. J'ai dansé autour du feu, je sens les esprits se rassembler, et mes peintures sont mon sacrifice et vont leur parvenir. Aide-moi Grand Manitou, soutiens mon esprit et mon corps, guide-moi sur la voie que j'emprunte. Envoie-moi Mato, que ses griffes et ses crocs frappent mon ennemi. Les quelques mots que j'ai pu prendre au vol laissent entendre que l'ennemi ne va pas tarder.
Un wakayaja au geste acéré et à la langue agile suit notre route.
Je ne répugne pas à me rendre utile, c'est juste qu'ils suivent un chemin qui m'est étranger. Ce jeune guerrier, les esprits ont guidé ma main pour guérir ses plaies, peut-être est-il du peuple, malgré son teint de maïs. Il est avide de découverte, prompt à agir, heureux dans l'action. C'est déjà un bon guerrier, il ne déparerait pas parmi le peuple. Tuwe ya l'accompagne et regarde mon chemin sans y poser le pied. Il voit au-delà des apparences.
Demain, si Yehl le veut un autre jour viendra...