Mémoires d'une jeune fille dérangée, partie 1
-Tu vas parler où je te flétris le bide ! Les mots sont sortis de ma bouche sans que je ne puisse les retenir. A côté de moi, je sens le regard pesant et choqué de Sam qui commence à comprendre la vérité. Cela fait des mois que j'arrive à dissimuler -parfois à grand-peine, le fait que je ne suis pas une démorthène comme les autres. Allez, lâchons le mot, je suis une morkaï. En gros, on aime pas trop m'inviter à bouffer.
En parlant de bouffer, on vient juste d'échapper à un village cannibale, perdu dans la forêt. Imaginez l'émotion. Ca m'a trahie, et maintenant, Sam sait tout parce que j'ai menacé l'un des bouffe-humains.
-Ecoute, Sam, c'est pas ce que tu crois ! Je suis toujours la jeune tarish insouciante et joyeuse que tu as connue !
-...
-Oui, bon, ça va, je suis une tueuse en série, on a chacun nos petits défauts, on va pas en faire tout un plat ! Regarde, Carlie sait pas faire les petits déjeuners, elle a failli tous vous empoisonner, ce matin, on lui en tient pas rigueur ! En plus, je tue que les enfants, tu crains rien.
Les yeux de Sam s'écarquillent davantage.
-Je crois que je vais aller faire un tour ailleurs, me répond Sam.
-Saaaaaaaaaaaaaam ! Je crie, tandis qu'il s'éloigne.
Je confie mon angoisse au cannibale agonisant, mais le sort de flétrissure que je lui ai lancé a raison de lui et il meurt dans des gémissements de douleur.
Je fonce voir Carlie, déjà au courant de mes petites manies et souvent même complice de mes méfaits.
-Carlie, il sait tout !! Sam sait tout !
L'air béat, Carlie continue de fixer le village cannibale auquel elle vient de mettre le feu.
-Il l'a pris comment ?
-Ben, je sais pas trop.
Arrick, l'un de nos compagnons demande ce qu'on fait, à présent. Carlie calcule qu'on a tué neuf hommes et qu'une trentaine de personnes vivaient à la base dans ce village.
-Il doit rester les femmes et les enfants, du coup.
-C'est terrible mais à mon avis, on va devoir les éliminer, eux aussi. Ils ont élevés comme ça, c'est trop tard pour qu'ils redeviennent normaux. Ils voudront toujours bouffer de l'humain, maintenant, faut les éliminer, dis-je l'air faussement attristé.
Un sentiment de nostalgie m'envahit lorsque je réalise que c'est peut être la dernière fois que je joue cette comédie...