Compte rendu de ma deuxième aventure

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Yannick
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Compte rendu de ma deuxième aventure

29 mai 2007, 21:18

Rapport n°2

Éminentissime et révérendissime seigneur Erika Brigit Cardinal de la Sainte Église Vaticine de Durkheim.

Comme le laissait envisager mon premier rapport, mon retour en Montaigne a permis de nombreuses et merveilleuses choses.
Vous vous souviendrez que lors de ma précédente aventure, j'ai gagné avec quelques compagnons la confiance du duc de Crieux. Cette confiance s'est matérialisée quand la propre fille du duc, Julie, nous a recommandés à une de ses amies pour une mission délicate.
En fait, il s'avère que ladite amie n'est autre que la princesse Dominique de Montègue. Cette dernière souhaitait faire part à son mari d'une heureuse nouvelle, la prochaine naissance d'un fils (le sexe de l'enfant a été déterminé par sorcellerie, une pratique malheureusement courante). Je vous laisse le soin d'évaluer les répercussions politiques de cette nouvelle. Toujours est-il que notre mission consistait à avertir le général de Montègue, et éventuellement le ramener.
Pour retrouver son mari, la princesse nous a confié une boussole, que je soupçonne magique, qui pointe toujours vers un anneau que porte son mari. Je me suis laissé dire qu'il s'agissait d'un objet utile en Vodacce, où les épouses ont toujours à cœur de retrouver leurs maris égarés …
Il a fallu quitter notre lieu de rencontre en catastrophe, pourchassés par la garde royale, avec l'aide de Gabriel Deux Sourires, le garde de la princesse, et du marquis de Beauvais qui logeait là avec Diego Alatriste, un spadassin d'origine castillane.
Intéressant personnage que ce marquis de Beauvais. Il apparaît que c'était le producteur de la troupe du Lapin Vert, qui a fait scandale à Charousse en déplaisant à l'Empereur. Mr de Beauvais semble vouloir rester très discret pour le moment.
Puisque la Sainte-Jeanne était disponible, nous avons armé le navire pour le long voyage vers Ussura. L'équipage se composait d'un ancien lieutenant ayant servi sur ce bâtiment, et qui était en froid avec l'ancien capitaine, six de ses compagnons et trois Eisenors. En plus, le groupe se constituait de moi, de Gabriel Deux Sourires, de Diego Alatriste, de Eagle in the Wood (je pense qu'à mon prochain rapport, cet individu aura enfin un nom convenable), de Pablo Esteban, et d'Henry.
Henry est le majordome de Lord Campbell, je vous ai parlé de lui dans mon rapport précédent. Il semble que Lord Campbell ait une petite propriété où il fait fabriquer un mauvais alcool dont il cherche à écouler près de deux milles caisses. Henry apparaît comme plus qu'un simple majordome, puisque c'est lui qui dirige les ventes.
A noter que Diego est le seul à avoir pris la précaution de se confesser avant de prendre la mer, ce qui en dit long sur l'inconscience des autres membres de notre équipe.
Une semaine de navigation (je passe sur le ridicule qui frappa certains hidalgos ne pouvant plus tenir leurs estomacs), et nous voilà abordé par un knorr de Vesten. Las, les barbares armés de haches ne s'attendaient pas à une si forte partie et à être pris d'assaut en retour. Dans la panique, leur capitaine a fait sauter son navire, et nous nous sommes tous plus ou moins retrouvés naufragés sur une plage déserte.
J'ai immédiatement adressé une prière de remerciement à Theus pour être toujours en vie, alors que je flotte comme une enclume. Mes compagnons ne m'ont pas imité, et nous avons été secourus par la princesse Di Caprio. Elle passait par là, de retour d'une mission commerciale chez les Vesten, et fut alertée par les vestiges du naufrage.
Il faut reconnaître que grâce à son navire, nous avons pu gagner le premier port à l'embouchure du principal fleuve ussuran. Nous avons laissé là les blessés et les survivants de l'équipage. Nous sommes partis à huit compléter notre mission, la princesse Carla Di Bianchi, l'Eisenor Wilhem en qualité de garde du corps de la princesse, Yuri (que j'ai limogé pour avoir disparu sans prévenir et que je retrouve ici), Eagle in the Wood, Gabriel Deux Sourires, Pablo, Mr Landis (que j'ai engagé pour me protéger, pensant que c'était un bretteur, alors que ce n'est qu'un marin alcoolique) et moi (qui n'a vraiment pas de chance avec les gardes du corps que j'engage). Il y eut un bref accrochage entre Wilhem et Deux Sourires, mais ce dernier baissa bien vite sa culotte tant il était terrifié par l'apparence du taciturne Eisenor.
Le port avait été saisi d'emblée par les Montaginois lors de leur débarquement, ce qui en dit long sur l'état de désorganisation et d'impréparation de l'armée Ussurane. Nous avons pu nous procurer un passage sur une barge qui nous a amenée directement au ponton par où transitait l'approvisionnement de l'armée montaginoise. Il suffisait alors de suivre la route pour arriver jusqu'à l'armée. A aucun moment nous n'avons eu besoin de la boussole magique, et j'en suis fort aise.
Je ne sais pas pourquoi, mais ce fou de Montègue avait décidé de s'enfoncer en plein pays ussuran plutôt que de foncer sur la capitale. On s'est donc retrouvé à patauger dans la boue, sur des kilomètres et des kilomètres, le paysage parsemé de scènes de bataille, les cadavres à la disposition des corbeaux. Une vision qui a ébranlé le pauvre Wilhem, probablement en lui rappelant son pays natal.
Il faut préciser ici, qu'en plein été, la température dépasse allègrement les 40° en Ussura. Hors, plus nous nous rapprochions de l'armée, et plus il faisait froid, jusqu'à ce que nous rencontrions la neige elle-même. Le local de l'expédition, Yuri, attribua ce phénomène à une immonde sorcellerie. Les Ussurans, comme vous le savez, ne reconnaissent que le Premier Prophète, et mettent sur un pied d'égalité un esprit des bois, Matrioshka. Ce dernier esprit aurait été à l'origine du dérèglement climatique autour de l'armée montaginoise. Yuri semblait assez fier de cette magie démoniaque, tellement occupé qu'il était à vitupérer après "les chiens montaginois" qui massacraient son peuple. Pour ma part, je remarquais que la neige en plein été ferait certainement plus de mal à long terme au peuple ussuran qu'une armée montaginoise, aussi féroce soit-elle.
A part une vague frayeur quand nous avons du nous cacher d'une troupe de cosaques, le voyage continua absolument sans souci. De la nature réputée hostile d'Ussura, nous n'avons rien vu, à part de la boue. Les animaux n'ont pas osé s'approcher de notre camp. Quant aux terribles loups-garous dont on nous avait tant vanté la férocité, et que certains rêvaient d'affronter en combat singulier, on n'en a pas vu l'ombre d'une queue. Ce ne sont que des légendes destinées à impressionner les esprits faibles et égarés dans leur foi, je vous le dis.
Wilhem s'était mis en tête de chercher systématiquement d'éventuels survivants dans les ruines que nous croisions. Il finit par trouver une dizaine de personnes dans un bâtiment, rendus inconscients par la fumée d'un incendie. On leur donna quelques provisions, espérant que cela suffise à les sauver. Je ne dis rien, mais pour connaître un peu la médecine, je savais que leur sort était déjà scellé. Je ne me doutais pas qu'une fin plus horrible encore les attendait. La journée d'après, une dizaine de brigands entoura le campement. Yuri alla seul à leur rencontre (je suspectais un piège). Comme il revenait, et nous annonçait qu'il avait négocié un délai de cinq jours pour que nous quittions le pays, je lui demandais qui étaient ces hommes et ce qu'ils voulaient, et on me répondit que c'était des "chasseurs". Drôles de chasseurs, qui s'occupent de nous chasser nous, des êtres humains, de leur territoire. Quand je demandais s'ils avaient aussi "chassé" les survivants que nous avions trouvés dans la journée, on me fit comprendre que oui ! Pays de barbares, qui tue ses propres enfants ! Pays d'hérétiques, dont le sol même refuse de nourrir ses habitants ! Pays de ténèbres, où celui qui vit dans la nature comme une bête est plus estimé que l'homme de bien qui suit la voie de la connaissance !
Que dire ensuite ? Nous avons retrouvé l'armée montaginoise en piètre état, environ 40.000 hommes sur les 100.000 initialement envoyés. Quelle folie ! Deux Sourires remis la lettre de Dominique de Montègue à son général de mari, et il décida immédiatement de rentrer.
Le lendemain, l'armée ussurane se lança dans le bombardement du camp (comment ils avaient amené des engins de siège jusqu'ici, je l'ignore, je n'aurais même pas pensé qu'ils puissent en construire). Comme je n'avais pas fait grand chose jusqu'à présent, je décidais d'aller au devant des ussurans pour les prévenir de la retraite montaginoise et éviter des morts inutiles. Mais ces fous d'officiers montaginois me firent arrêter, préférant étancher leur soif de sang. De toute façon, on ne pouvait rien attendre de mieux d'une armée sans foi dirigée par un paysan mal dégrossi. On est donc ensuite rentré sans plus d'encombres qu'à l'aller, excepté que cette fois nous n'avons pas fait naufrage.
Conclusion : j'ai décidé d'apprendre à nager. Et je suis pas près de refoutre les pieds en Ussura (barbares !, hérétiques !, mangeur d'enfants !).

J'ai l'honneur d'être, avec le plus profond respect, de Votre Éminence, le très dévoué serviteur.
Gabriel d'Astrée

P.S. : j'ai négligé de rapporter quelques faits concernant la sorcellerie. Je n'aime pas en parler mais peut être y verrait vous une quelconque importance.
Eagle in the Wood est resté en Ussura pour en apprendre plus sur ses origines auprès de gens du voyage. J'espère qu'en guise d'enseignement on ne lui apprendra pas encore de cette vile magie ussurane.
Henry, qui avait été nommé capitaine de la Sainte-Jeanne faute de mieux, s'est mis à adorer une statuette liée au navire et qu'il a sauvé du naufrage au péril de sa vie. Je suis décidément entouré de païens.
Quant à la boussole magique, elle a brusquement changé de cap pendant notre voyage de retour. Elle semblait pointer vers Freiburg ou vers Numa (plutôt Numa je dirais). Pour moi, c'est juste que Montègue (ou son anneau) a usé de Portée pour se déplacer sur une grande distance. La princesse Di Caprio a lu dans ses tarots que le lien qui anime l'aiguille est maintenant dix fois plus fort. Mais ne doit-on pas se méfier de ce que dit une sorcière ?

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