Hommes et chats, même combat!

[Saryekad]

"Mais parler de viol de manière graveleuse, j'ai pas senti que c'était le genre de la table de Vermine donc tout va bien."

C'est même clairement pas le cas.
Je rappelle aussi qu'il y a eu un petit moment de tension vis à vis de ça quand mon perso à poser la question à haute voix pour savoir si le mec (Vik?) avait vraiment dit ça et... j'ai joué à fond RP.

D'ailleurs, que le MJ le joue ou pas j'ai prévenu le vieux Ben: prochaine erreur il passe à la trappe. Ouai Mickey commence à grandir et peut-être dans le mauvais sens

[Harley Quinn]

Non, c'est le soldat nommé Gwen qui a menacé Alice de viol. Et oui, j'ai bien vu que tu l'avais fait roleplay, avec le regard noir et tout ! Mais même Alice, elle s'est un peu fritée avec lui, à ce sujet, elle voulait le faire dégager...mais la cohésion du groupe est primordiale.

[Saryekad]

J'ai réussi à faire le regard noir ? coool, non celui-ci devait être sincère car ce sujet me touche.

[Enormatro]

ce sujet me touche.

Si le second degré bien limite vous laisse froid: montrer

C'est ce qu'auraient dit les passagères d'Emile Louis.

Ah flûte, je savais que je ne tiendrai pas longtemps.

[DarkBeber]

[Enormatro]

Par égard pour ceux qui ont encore un peu d'humanité, j'ai édité.

[Harley Quinn]

Moi, ça m'a fait sourire, je l'avoue...

[JML]

Sujet intéressant quant aux tabous personnels, catégoriels et culturels. Personnellement je me situerais vraisemblablement sur une ligne proche de celle de Ben et Beber.

Si je veux faire un peu d'introspection, pour ce qui est du paradoxe « pas de problème pour parler de tuer, massacrer, etc. mais blaguer sur le viol nous fait reculer », j'ai surtout l'impression que le problème se pose avec une ou plusieurs joueuses à la table. Autrement dit j'ai l'impression que c'est un problème de distanciation.

Nous avons la chance de vivre dans une région du monde relativement épargnée, pour employer un euphémisme, et la possibilité de voir nos proches, ou nous-même, être massacrés ou torturés nous semble très abstraite. De même que celle de pratiquer réellement ce genre d'activité. On peut sortir les gros sabots, personne ne se sent réellement concerné.

Pour ce qui est du viol, nous percevons plus ou moins clairement que nous pouvons tous être touchés directement ou par l'intermédiaire de nos proches. Le problème est aussi délicat que faire une « bonne blague » sur les camps de concentration avec un Juif autour de la table Et de ce point de vue, les mecs se retrouvent dans la situation encore plus « confortable » de l'Allemand en position de faire ladite blague face au Juif de service (Ça y est ! J'ai réussi à atteindre le point Godwin )

J'ai l'impression qu'on se retrouve avec une question très similaire à la classique « peut-on rire de tout ? ». Ma réponse personnelle est que le rire est un mode de communication parmi d'autre, et que l'on peut donc rire de tout, comme on parle de tout, mais pas pour tout dire Le problème n'est pas la forme, mais le fond, le message, et le classique « c'est de l'humour ! » est donc bien une excuse foireuse.

Le problème du roleplay me semble être le même. Le fait de s'autoriser à parler de tout n'autorise pas à le faire sans tenir compte de la sensibilité des autres ou pour promouvoir n'importe quoi.

Il ne faut pas non plus perdre de vue que l'humour est aussi un mécanisme de protection. On blague pour mettre de la distance. De ce point de vue l'intervention d'Enormatro ne me choquait pas.

Au contraire, le cas cité par Harley est affligeant de manque de maturité et d'absence totale de recul. On ne peut qu'espérer les voir prendre un peu de plomb dans la cervelle avec les années. (oui, l'image choisie est sujette à double interprétation )

[Harley Quinn]

Ce que je vais ajouter est un peu délicat mais je suis sûre qu'au hasard d'une page, ceci pourra peut-être aider quelqu'un d'autre.

En ce qui concerne le viol, je suis le juif autour de la table. J'ai pas honte de le dire, j'ai été violée étant plus jeune. Désolée si ça vous met mal à l'aise de lire cette phrase, mais ce n'est pas moi qui ai commis une faute, j'ai pas à me cacher.

La distanciation par l'humour, ça ne me gêne pas. Ce genre de sujet met vite mal à l'aise et la plupart des gens, ne savent pas ce que sait, de toute manière -et c'est tant mieux pour eux. Moi-même, malgré mon vécu, je ris de certains bons mots tant que je sens qu'il n'y a pas de mépris à l'égard des victimes et que c'est fait dans une optique de protection personnelle.

L'aborder en jeu de rôles, parfois ça refait pas monter des choses jolies-jolies dans ma tête, mais ça a aussi un coté cathartique pour moi. Je n'aime pas jouer ce genre de scènes, je précise, je les ai toujours évitées et il en sera de même dans le futur. Mais quand mon personnage est soumis à un harcèlement sexuel quelconque, il sait dire "non", il se défend. Et l'air de rien, depuis que je me suis mise au jeu de rôles, où ce genre de situations délicates est fréquentes, moi-même, j'arrive mieux à me montrer ferme envers les agresseurs verbaux, voire physiques.

[Enormatro]

Et tout ça part d'une discussion sur les grossesses gémellaires pluripaternelles ?
On est chauds, quand même.

Sur l'aspect cathartique du JdR sur des sujets vraiment sensibles, j'ai quand même de grosses réserves : il me semble que l'apport positif du JdR sur des traumas se limite à une approche plus thérapeutique dans un cadre et un environnement contrôlés. Une table classique est trop "désordonnée", avec des gens, comme moi, qui vont profiter d'une occasion pour faire un (pas toujours trop) bon mot indépendamment des réactions que cela peut susciter, et des MJ parfois pas toujours assez réactifs ou à l'écoute pour recadrer immédiatement la situation. L'exemple d'Harley est symptomatique des boulets dignes du jeu chelou dont on parlait dans un autre post.

C'est la raison pour laquelle, même dans un jeu où ce thème est un élément clairement présent, comme Bloodlust, je préfère vraiment le limiter aux cas où je connais bien les joueurs et leurs limites, et où je sais que je pourrais clarifier les choses avec eux si je me suis planté. Et, au risque de passer pour un vil macho, à moins de circonstances exceptionnelles, je ne l'infligerai pas à une joueuse précisément pour les raisons qu'évoquait JML, et que confirme Harley : à la différence de la torture ou du démembrement, le viol n'est absolument pas un risque mineur dans notre société pourtant développée.

[Harley Quinn]

Oui, il est vrai que la conversation a quelque peu dérivée mais ce n'est pas un sujet qu'on a souvent l'occasion d'aborder et pour moi qui suis spécialisée en histoire du genre, c'est très enrichissant de lire ces différents points de vue.

J'aurais dû être plus précise quant à l'aspect cathartique, en effet, il l'est mais dans des circonstances bien particulières. Le viol, à la table de Cops, m'avait beaucoup troublée tandis qu'à Vermine, la table est intelligente et respectueuse donc pas de soucis. Cryo connaissait déjà mon passé à ce sujet, et s'est montré attentif à mes limites, par ailleurs. C'est à faire avec des gens en qui on a confiance. En somme, tu as raison, Enormatro, cela n'est pas possible avec une table dite classique.

Moi-même en tant que MJ, je ne l'aborde jamais ou tout du moins avec parcimonie, de même que certains sujets tout aussi délicats qui sont malheureusement fréquents dans notre société. Donc pareil que toi, Enormatro de ce côté là, je l'inflige pas de scènes de cette nature à mes joueurs.

[JML]

Je serais mal placé pour critiquer une dérive de sujet Et là, ladite dérive aborde un sujet suffisamment important pour nous apporter à tous, au delà de notre pratique du JdR.

De toute façon, pour les inquiets, je rappelle que la rubrique s'intitule « La tentacule ivre ». Le naturel reviendra au galop.

Ceci dit, j'approuve les remarques sur la confiance réciproque.

[Saryekad]

Il n'y avait pas de sous entendu dans mon terme "ça me touche".
Bref, vive les chats ^^

[Enormatro]

Mon cher Saryekad, si nous jouions plus fréquemment ensemble, tu saurais que ma spécialité est justement de détourner des propos innocents pour en faire une horreur graveleuse. Habituellement, je m'arrange pour que ce soit des propos innocents prononcés par une bouche innocente, mais j'ai fait une exception

[Saryekad]

Ouaiiii je saiiiis, juste que si je précise pas on peut croire que c'est ma quatrième personnalité qui a parlé et donc, que je le pense...